Bâton de parole - Recherche d'un "éé" échange équilibré

Certaines communautés, indiennes je crois, recourraient à un bâton de parole lors de leurs assemblées.

Seul celui qui l'avait en main avait le droit de parler, et une fois qu'il en avait terminé avec ce qu'il voulait dire, il le passait à la personne suivante.

Cette règle du jeu est bien différente avec ce que nous voyons dans les débats télévisés dans lesquels les débateurs et les journalistes n'arrêtent pas de se couper la parole mutuellement.

Et nous? Comment nous comportons-nous?

Si nous souffrons dans nos échanges de ce que chacun se plaint qu'on ne l'écoute pas et qu'on ne lui laisse pas assez de temps pour dire ce qu'il veut dire, alors pourquoi ne pas procéder comme les Indiens?

C'est-à-dire désigner un objet (cela peut être un bâton, mais aussi autre chose) qui deviendra le bâton de parole que chacun donnera ensuite à l'autre une fois qu'il pensera avoir eu "l'espace nécessaire" pour développer ce qu'il avait à dire.

Jean-David Roth

 

 

Se donner la parole tour à tour sans s'interrompre, c'est bien.

Mais un échange équilibré comporte d'autres ingrédients. Par exemple, si le temps passé à écouter l'autre est utilisé uniquement pour fourbir ses armes et préparer intérieurement le "Attends, tu vas voir ce que tu vas voir, je vais t'en faire prendre pour ton grade, ce que tu dis est trop bête, attends que ce soit mon tour, tu vas en prendre plein la gueule", si donc c'est cela notre manière d'écouter, on comprendra que cela ne suffira probablement pas.

Personnellement je fonctionne un peu comme cela, et ma compagne, qui a davantage que moi une connaissance pratique de ce qu'est la cnv, ne me le rappelle que trop souvent.

Pour quelqu'un comme moi, c'est horriblement compliqué, car:

Même si on arrive peu ou prou à éliminer les jugements sur l'autre, il n'en reste pas moins vrai qu'on peut placer la conversation sur différents niveaux voir sur tous ces niveaux à la foi:

- avoir raison

- faire progresser le bonheur commun

- avoir une discussion de type philosophique ou rhétorique qui cherche à argumenter pour chercher ensemble le vrai, et identifier la raison pour laquelle nous ne sommes pas d'accord avec l'autre. Mais en utilisant avant tout ce que nous connaissons des armes de la logique et de la cohérence, avec le vocabulaire qui est le notre, que l'autre ne maitrise pas forcément, ou qu'il comprend mal, les mots ayant parfois pour lui un sens différent, ou plusieurs sens, parmi lesquels il ne choisi pas le même que nous.

- essayer de descendre dans les sentiments et besoin pour tenter, sinon de se mettre d'accord, au moins de mieux comprendre pourquoi l'autre en est arrivé là, et ce faisant, mieux accepter sa différence.

- ...

Tout ceci est facile à dire, mais, dans les familles, les gens pensent tellement tout savoir de l'autre, pensent tellement que l'autre se trompe, que qu'eux par contre ont raison, et sont les victimes des erreurs de conception de l'autre...

Chacun voit midi à sa porte, chacun voit un film qui est très différent du film que voit l'autre, et pourtant, c'est la même réalité qui les englobe tous deux.

Je me souviens qu'un entraineur de footbal répondait parfois à certains journalistes : j'ai l'impression à vous entendre que nous n'avons pas regardé le même match.

Jean-David Roth

 

 

Et donc, pour en revenir à un éé (échange équilibré) il faudrait idéalement que les personnes surveillent du coin de l'oeuil

- le temps de parole

- la descente dans les sentiments besoins, en plus du débat philosophique qui reste trop souvent au niveau du mental, donc des mots, et du "laisse-moi t'expliquer pourquoi j'ai raison". Expliquer pourquoi on aurait raison peut être utile à l'autre, mais ce n'est bien souvent pas ce qu'il aimerait de nous. Donc il faut aussi parfois accepter de renoncer à faire bénéficier l'autre de ce que nous pensons être un trésor précieux que nous voyons et que lui ne voit pas.

Fut-ce en se disant : on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif. Et en corrigeant immédiatement : Je serais un bel âne de vouloir faire boire un humain qui n'a pas soif.

Jean-David Roth